Le projet de 2012
Il consistait à doter l’église Saint-Martin de Grandvillars d’un instrument s’inspirant d’une esthétique visuelle et sonore de transition, entre Renaissance et Baroque. C’est en effet pendant cette période qui s’étend en matière de construction d’orgues de la fin du 16e siècle à une grande partie du 17e siècle, que l’orgue espagnol,tout en gardant ses bases héritées de la facture flamande, s’affirme dans sa spécificité.
La technique des jeux coupés en basse et dessus commence lentement à se développer, permettant d’obtenir des contrastes sonores sur un seul clavier. Dans quelques cas, le jeu de Dulzaina placé horizontalement à l’extérieur du buffet dès la fin du 16e siècle préfigure ce que deviendra plus tard et systématiquement au 18e siècle l’un des effets les plus saisissants et séduisants de l’orgue ibérique, le son direct et percutant des trompettes « en chamade ». (voir plus loin "Naissance et évolution de l’orgue espagnol").
Ce type d’instrument correspond aussi à l’éclosion d’une école très riche en matière de composition pour orgue, dont les plus illustres représentants sont : Sebastian Aguilera de Heredia, Francisco Correa de Arauxo, Pablo Bruna, Juan Cabanilles, qui ont tous écrit pour un orgue de ce style.
Pour permettre l’interprétation de l’ensemble des compositions espagnoles jusqu’à la fin du 18e siècle et donner à l’instrument l’aspect sonore saisissant décrit plus haut, la composition globale de base axée sur une esthétique sonore Renaissance (qui perdure, ne l’oublions pas, pendant une grande partie du 17e siècle), est complétée par un jeu de Clarin en dessus et de Bajoncillo dans la basse, ainsi que par un cornet de 7 rangs. Ce complément s’inscrit dans la logique de ce qui s’est fait systématiquement en Espagne à partir de la fin du 17e siècle et dans la réalité d’une évolution pratique, au moment même où une conception un peu différente s’impose, aussi bien dans le traitement sonore que dans la modification de la structure des sommiers, de la mécanique et des buffets. Il convient de souligner que les nouvelles options sonores du 18e siècle n’ont pas radicalement transformé ou révolutionné la conception de base de l’orgue ibérique.
Cette option évolutive pour l'instrument de Grandvillars impliquait aussi qu'un choix fût fait en ce qui concerne la technique de construction des sommiers et d’une mécanique qui permettent la coupure de tous les jeux ou de certains jeux seulement. En revanche, le choix des mesures et l’harmonisation durent être réalisés dans une optique tournée résolument vers la Renaissance, avec le souci d’obtenir une mise en valeur optimale de l’écriture polyphonique, tout en favorisant la recherche en matière de registration.
Ces options, sujettes à débat, ont été affinées au fil du temps. Ainsi, l’orientation stylistique du projet ACORG a amené un supplément d’intérêt par la qualité de recherche qu’il a imposée, affirmant encore ainsi son originalité.
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