L'orgue disparu
Les travaux de construction de l’église actuelle, dédiée à Saint-Martin, ont débuté en 1701.
Dès l’année suivante la nef et le clocher étaient achevés, et l’église pouvait accueillir les cérémonies du culte. Il a fallu attendre l’année 1718 pour que le choeur soit enfin construit, les travaux étant à la charge des collectivités percevant la dîme. Avec l’accroissement rapide de la population au 19e siècle dû à l’implantation des usines de M. Migeon et fils, on décide d’entreprendre un agrandissement de l’édifice paroissial. Ce projet datant de 1841 est abandonné, et le 9 février 1845 le conseil municipal décide de la reconstruction de l’église. Seul le clocher est conservé. Le gros-œuvre est terminé en 1848 et la réception des travaux a lieu l’année suivante.
Le premier instrument
C’est en 1856 qu’une souscription pour l’achat d’un orgue est ouverte. Faute de moyens suffisants, il n’est pas possible de construire un
instrument neuf, un orgue sera donc assemblé avec des éléments disparates. Pour ce faire, l’achat de l’orgue de l’ancienne église abbatiale
Saint-Léger de Masevaux est décidé. Cette église était devenue église paroissiale après la révolution; trop petite, elle sera remplacée
par la nouvelle église Saint-Martin en 1842, dans laquelle Joseph Callinet installera son célèbre instrument qui sera malheureusement détruit
dans l'incendie de 1966. L'église Saint Léger est alors désaffectée, et son orgue, certainement en mauvais état, est mis en vente. L'instrument,
d'abord acheté par Martin Cottin, peintre-doreur installé à Roppe, devait prendre place dans l’église de Phaffans, mais un différend
entre le curé et le conseil de fabrique s’est terminé devant les tribunaux de Colmar, avec pour conséquence l’annulation de la vente. Le buffet
de cet orgue ainsi que la tuyauterie datant du 18e siècle partent alors pour Grandvillars, tandis que les parties mécaniques et les sommiers de
l'instrument, également du 18e siècle, sont achetés à Porrentruy. Malgré cet assemblage hétéroclite, il est certain que l'instrument
présentait une réelle valeur artistique et historique. En effet, l'église Saint-Léger était située dans une abbaye de dames nobles sous la règle
de Saint-Benoît, et son buffet d'orgue devait présenter une décoration digne du lieu et des commanditaires de l'époque.
Cet orgue serait
peut-être aujourd’hui classé Monument Historique et aurait sans doute fait l'objet d’une restauration en tant que témoin de la facture d’orgues
du 18e siècle français.
Les dégâts et les dommages de guerre
Lors de la libération de Grandvillars, les 18 et 19 novembre 1944, l’église est soumise à un bombardement d’artillerie qui cause de grands dommages à la toiture et détruit les vitraux. L’orgue souffre alors des conditions atmosphériques d’un hiver rigoureux qui le rend quasiment muet.
C’est en 1958 que l’installation d’un orgue neuf est décidée.
Où a fini le magnifique buffet historique de Grandvillars ? Probablement détruit et brûlé car on avait constaté à l’époque que des parties étaient vermoulues. Aujourd’hui il est bien évident qu’un tel témoin historique serait restauré et sauvé. Le même sort a dû être réservé aux sommiers anciens et au mécanisme. Quant à la tuyauterie, il est possible qu’elle ait été fondue ou réemployée dans des travaux de reconstruction ou de réparation (l’orgue de Bavilliers, construit par Raymond Dominique renferme des tuyaux anciens provenant de l’orgue fin 18e d’Éteimbes, mais aussi une flûte 4’ plus ancienne).
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